Paris 8 autrement

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Harald Wertz

Pour une université solidaire et réfléchie.
Pour une équipe proposant et défendant un projet de l’université.

A sa création, l’Université Paris 8 s'était donné pour mission de définir et développer de nouvelles approches trans- et pluridisciplinaires de l’enseignement et de la recherche. Cette mission, nous l'avions remplie tout en créant un lieu de culture, de réflexion, de mise en question et de construction. Un lieu où, dans une large diversité, contradictoire et antinomique, il y avait une solidarité entre tous les usagers de l’université. Un endroit où tout était possible, tout était à inventer : les matières à enseigner, la pédagogie, les rapports enseignants / étudiants / personnels administratifs et technique. Même la pensée était à inventer et à réinventer. Et la lutte bien sûr.

Où en sommes-nous aujourd’hui ?

A une époque où il est plus que jamais nécessaire de redéfinir les rôles de la recherche et de l’enseignement, à une époque où, que nous le voulions ou non, la concurrence entre universités nationales et internationales se font sentir de plus en plus, à une époque où la technologie la plus stupide réinvente la pédagogie, nous nous sommes emmurés vivants dans des activités de simples gestionnaires : gestion de cours, gestion du savoir, gestion de la pensée (si ce n’est pas réduit à la simple gestion des subventions et de petites ambitions personnelles). A l’époque du néo-libéralisme conquérant et d’un accès de plus en plus global à l’offre de formation, nous sommes devenus les champions d’un néo-conservatisme pédagogique écœurant, avec comme avant-garde « l’informatique pour tous » (ou pour personne) mort-né depuis 1981. A une époque où nos étudiants peuvent obtenir gratuitement les supports de cours de n’importe quelle université prestigieuse, nous ne leur offrons même pas de supports pour nos propres cours. A une époque où tout est mis en question, de l’organisation politico-économique à l’organisation de la vie individuelle, de l’avancée technologique à la sauvegarde de l’environnement, nous continuons, la tête dans les sables gestionnaires, à ruminer sur notre provincialisme.

Alors ?

Réveillons-nous ! Redevenons ce que toute université devrait être : un « centre expérimental », un centre qui ose réfléchir, expérimenter, innover, évoluer. Arrêtons nos petites tricheries fratricides, nos jeux de passe-passe, nos diffusions de savoir prêt-à-porter, et développons un projet d’éducation digne du 3ème millénaire. Adaptons nos pratiques pédagogiques et de recherche aux technologies disponibles aujourd’hui et, surtout, à la demande du monde qui nous entoure, dans la région, en France et ailleurs, et aux personnes particulières que sont nos étudiants.

Oui, c’est simple mais c’est difficile. Nous savons également que si, vraiment, notre communauté se remet ensemble, avec un but élaboré en commun (pourquoi ne pas recommencer et élargir les « séminaires pédagogiques »), avec une volonté suffisamment forte pour sortir de ce ghetto de pensée gestionnaire, alors, j'en suis convaincu, nous, communauté des enseignants / chercheurs / techniciens / agents administratifs / étudiants, pourrons montrer de nouveaux chemins. Pour commencer, je propose que nous organisions dès maintenant et avant les élections des conseils, un premier séminaire de travail sur le rôle scientifique, pédagogique et social que Paris 8 doit remplir. Ensuite, constituons une équipe digne de représenter nos valeurs, nos buts, nos visions.

Oui, notre université se doit d’être un lieu de pensée… sans cela, cela n'en vaut pas la peine.


Harald Wertz, 10 octobre 2005
Date de création : 04/11/2005 @ 15:32
Dernière modification : 01/06/2006 @ 11:00
Catégorie : Textes individuels
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