Paris 8 autrement

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Alain Bertho (Textes individuels)

Conseil scientifique : éléments de bilan d’une mandature


Alain Bertho


(Compléments au bilan global fait par Jean Méhat)



Ce qui ne peut pas être contesté à ceux de nos collègues qui se placent dans la perspective d’une continuité avec la mandature qui s’achève, c’est que le conseil scientifique a travaillé avec régularité et sérieux. C’est quand même la moindre des choses qu’on peut demander à ce conseil ! Mais est-ce que « passer le cap du quadriennal » avec le passage au LMD était- la seule ambition qu’on pouvait se donner ? Que ce cap ait été passé dans les meilleures conditions pour l’avenir reste à démontrer.
Un autre travail du conseil scientifique aurait été possible qui a été tué dans l’œuf dès le début. La nouvelle Vice présidente , élue contre le candidat de Pierre Lunel et avec les voix de la liste « ouvertures » a en effet immédiatement imposé la constitution d’un bureau « homogène » excluant tout élu de cette liste, inaugurant ainsi un style de direction qui ne s’est pas démenti. Ce style s’est manifesté plus particulièrement dans certaines circonstances dont je donnerai quelques exemples.

1. Dés le départ, la question de la professionnalisation: une occasion manquée
Dès février 2002, j’ai, au nom de notre liste, déposé un projet visant à donner au Conseil scientifique les moyens d’établir un diagnostic détaillé et synthétique de la part prise par la professionnalisation au sein de l’université, de ses enseignements, voire de ses recherches. J’indiquais alors que la création des diplômes professionnalisants était une pente qui risquait de s’accentuer. Je signalais que ce développement est, conjointement un danger potentiel et une chance pour l'enrichissement intellectuel, voire disciplinaire de l’institution universitaire. Encore fallait –il (et faut-il toujours) en percevoir les enjeux et y penser le rôle de l’Université : non pour dispenser les savoirs officiellement requis par les employeurs, mais pour pousser son ambition jusqu’à peser sur la définition des métiers eux-mêmes. C’est en ce sens que le cadre de l’enseignement professionnalisant apparaît à l’expérience, comme un cadre tout à fait productif de confrontation pratique à la modernité, un formidable appel à la recherche, à la mise à jour et à l’exigence intellectuelle dont peut profiter toute la communauté universitaire. Encore faut-il ne pas avoir peur de s’y confronter et même d’organiser l’espace de cette confrontation en ne renonçant pas à l’adossement disciplinaire de la professionnalisation.
C’est pourquoi, dans un rapport écrit toujours disponible, je proposais de faire l’état des lieux par une étude interne afin de dresser une carte de la professionnalisation au sein de Paris 8 dans ses différentes dimensions : diplômes officiellement professionnalisants, formation permanente, préparation des concours, professionnalisation de fait. Ces quatre pistes auraient pu, c’est ce que je proposais, déboucher sur la tenue d’Assises de la professionnalisation à l’université de Paris 8 avec des partenariats extérieurs, notamment ceux du Conseil Régional.
Une telle démarche nous aurait sans doute permis d’aborder la période de passage au LMD de façon plus maîtrisée et plus offensive sur le fond, alors que, confirmant les pronostics avancés, l’enseignement professionnalisant ou à ambition professionnalisante a fortement progressé… pas mais la réflexion sur la place de la professionnalisation à l’Université.
Il n’en a rien été car de cette démarche, exposée au bureau du CS il n’est resté que la proposition d’un « observatoire de la professionnalisation des doctorants ». Ce qui n’avait franchement rien à voir.

2. Le quadriennal
Le renouvellement des équipes, depuis l’évaluation interne jusqu’à la gestion des navettes avec le ministère a été géré d’une façon un peu surprenante et dans certains cas,disons-le, un peu à la hussarde. Citons par exemple la disparition corps et âme du PPF OBVIES, la mise en difficulté du Centre d’étude des mutations en Europe, recalé comme PPF puis agréé sans difficulté par le ministère comme EA, la mise à l’index du laboratoire ERASME, finalement agréé par le ministère, la disparition du PPF Maghreb Europe…

3.Le LMD
Le rôle du Conseil scientifique dans le passage au LMD s’est fait sentir sur l’offre de Master. Le cheval de bataille choisi par la VP, qui était, sans nuance, la prescription ministérielle fut : pas de master sans labo.
La question n’était pas de contourner cette prescription sur le fond assez légitime, mais d’éviter qu’elle ne soit l’occasion de la remise en cause brutale du travail des équipes de Paris 8 qui, pour une raison ou pour une autre ne rentraient pas spontanément dans le cadre. Sur ce point, le CS n’a pas joué tout le rôle qu’il aurait pu joué.
Par exemple, dans la crise qui a secoué l’enseignement de l’anthropologie, le CS n’a joué qu’un rôle a minima, proposant la création d’une équipe d’université pour adosser un futur master et la reconduction des diplômes existant pour un ou deux ans. Mais sans que le CS en tant que tel ne prenne en main le dossier alors que cela avait été proposé en amont dès le premier examen des projets de master et le constat de l’échec probable dans cette discipline. Quant au projet de master en commun avec Paris 7, qui est prêt, la VP a fait obstacle à ce que le CS en soit même informé alors qu’il aurait été parfaitement possible de le transmettre au ministère dans la dernière tranche (avant le premier novembre pour une ouverture en 2006) avec le projet d’équipe…
Pour finir, disons que l’impression d’ensemble qui se dégage est un effort assez continu de « mise aux normes » du cadre administratif de la recherche à Paris 8, effort qui a porté ses fruits, y compris les plus amers.