Paris 8 autrement

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De quelques exigences pour une présidence à P8 (Textes du collectif)

De quelques exigences pour une présidence….à P8

Le 30 octobre, les « grands électeurs » de Paris 8 – les membres élus des trois conseils centraux – seront réunis pour élire un nouveau président de l’Université.
Nous – Paris 8 autrement – ne souhaitons pas que le débat soit limité aux grands électeurs mais que l’ensemble de notre communauté universitaire puisse s’en saisir. Chacun sait que l’université est profondément marquée du sceau du présidentialisme, présidentialisme accentué au cours de ces dernières années. Pour tenter depuis presque un an de redresser la barre et de redonner du sens au pouvoir décisionnel des conseils par nos interventions en leur sein, nous savons cette tâche quasi impossible si la présidence n’y met pas du sien.

Collégialité, démocratie, transparence

Cela fonde une de nos premières exigences quant au futur candidat : sa volonté et, peut-être surtout, sa capacité reconnue (à nos lecteurs de jouer !) à mettre l’université sur les rails d’une certaine collégialité, ouverte (pas seulement aux conseillers du prince) et démocratique (donc contrôlable et rendant des comptes).
* Celle-ci s’incarne par exemple dans l’attitude à l’égard des Etats Généraux (EG) dans laquelle l’université est aujourd’hui engagée. Favoriser les initiatives, mettre des moyens à leur disposition, garantir leur publicité, favoriser la mise en oeuvre, à court ou moyen terme des propositions qui émergeront, etc
* Cela s’incarne aussi dans le fait de donner les moyens aux conseils de prendre les décisions non seulement sur la base d’un débat dont les conseils doivent avoir la maîtrise ( et non dans une urgence systématique, dans des délais qui ne contraignent pas à de simples ratifications de décision déjà engagées, etc) mais aussi de documents établis afin de clarifier les critères présidant aux décisions, critères pouvant/devant faire l’objet d’une évaluation contradictoire à la disposition des composantes de notre université. Certains diraient : favoriser une démocratie participative…
* Cela conduit à remettre en cause simultanément un fonctionnement réduit à une gestion de groupes de pression, dans une grande opacité et favorisant une forme de clientélisme, mais aussi un fonctionnement dicté par une stricte logique gestionnaire et qui revient à confier à des « experts » la gestion de notre université comme l’incarne l’usine à gaz Paris 8 2008.
* Cela s’incarne encore dans la volonté de la présidence de rendre compte de ses activités et de se comporter en représentant de notre communauté (à la CPU par exemple), mais aussi dans le cadre des relations internationales en s’appuyant sur les équipes existantes et non des chargés de mission pour la circonstance.

Refonder un projet pour Paris 8

Une deuxième exigence concerne la volonté de refonder un projet « progressiste » pour Paris 8 qui doit s’appuyer sur la dynamique des Etats Généraux. Il s’agit bien d’asseoir notre université non seulement sur sa vocation de service public d’éducation (permettre la réussite du plus grand nombre, fonder des logiques non sélectives a priori sans diluer les exigences, une ouverture à l’égard des étudiants étrangers, etc) et de recherche (permettre l’exercice de la recherche fondée sur des exigences de qualité sans sectarisme ni élitisme, permettre la formation à la recherche à travers l’encadrement des doctorants, favoriser aussi des dynamiques fondées sur des équipes). Quant à la professionnalisation, il s’agit non pas de la concevoir comme une pompe à finances ou comme l’organisation de la sortie de nos étudiants mais bien comme une intégration dans les dynamiques territoriales qui nous entourent et comme un débouché supplémentaire pour des étudiants ne s’inscrivant pas nécessairement et spontanément dans une perspective d’étude qui peut leur sembler trop longue pour être à leur portée.
Nul doute que les Etats Généraux devraient en tirer des conséquences, sans angélisme, du point de vue des choix à soumettre à Paris 8 pour fonder un nouveau projet pour notre université, qui reposera non seulement sur la capacité à créer des dynamiques internes mais aussi à s’appuyer sur des négociations rugueuses avec le ministère sur les moyens à nous donner pour le mener à bien.
Une troisième exigence, contenue dans les précédentes, est bien celle d’une transparence et de règles démocratiques. Qu’il y ait nécessité de commissions et/ou de chargés de mission, outre que cette nécessité ne doit pas déboucher sur une inflation vertigineuse, ne doit pas conduire non plus à une autonomisation des lieux réels de pouvoirs à l’égard des conseils centraux. A ce titre, le bureau de l’Université devrait plus s’apparenter à un lieu de coordination entre la Présidence, les trois conseils et les exécutifs de gestion plutôt qu’à un véritable cabinet occulte exerçant en sous main le véritable pouvoir.

Favoriser le débat public

Nous ne pouvons bien sûr être exhaustifs en ce domaine. Nous ne pouvons nier qu’au-delà des principes qui nous semblent essentiels, la qualité de la personne joue un rôle indéniable, notamment dans sa capacité à travailler « collectif » et à renouveler les pratiques. Notre expérience nous invite toutefois à une grande prudence. Toutes les déclarations d’intention et de – bonne ou mauvaise – foi ne devraient pas être prises au pied de la lettre mais au contraire soumises au feu de la critique et des bilans. Cela impose de connaître les candidats, ceux-ci devant annoncer leur candidature sans la réserver au cénacle des trois conseils, afin que puissent s’exprimer et se faire connaître les points de vue sur ce que sont les pratiques réelles des futurs candidats, d’où qu’ils émanent.


P8 autrement soutient la candidature de Pascal Binczak