Préavis de grève administrative
à l’institut d’enseignement à distance

Nous, enseignants-chercheurs de l‘institut d’enseignement à distance (IED) de Paris 8, tenons à alerter solennellement les membres du conseil de l’IED ainsi que la présidente de notre université des multiples dysfonctionnements apparus depuis plus de deux ans à l’IED. Ceux-ci entravent dangereusement la qualité de nos enseignements, le bon fonctionnement de l’institut, rendent la situation insupportable.

Nous dénonçons depuis 2 ans maintenant des dérives autoritaristes, la relégation honteuse des aspects pédagogiques de nos enseignements au profit des aspects strictement financiers comme en témoigne le dernier rapport d’activités, un mépris total pour le calendrier universitaire, des charges administratives trop lourdes, mal coordonnées et non reconnues qui engendrent un malaise et un surcroit de travail des enseignants et des personnels administratifs.

Nos interventions sont restées sans effet à ce jour. Au contraire, alors que ces dysfonctionnements pourraient être évités avec un minimum d’organisation et de concertation, nous observons des signes inquiétants de dérives accentuées. Le directeur de l’IED a ainsi décidé de façon unilatérale le remplacement de tous les postes informatiques, le verrouillage de solutions logicielles pour quelques applications Open source inadaptées aux besoins et aux usages des enseignants et des administratifs. Il est de plus en plus difficile d’obtenir l’ouverture d’un compte mail pour les nouveaux collègues, alors même que celui-ci conditionne l’accès à la plateforme et donc la possibilité pour un enseignant à distance de travailler. Pour faire le parallèle avec le présentiel, c'est comme si on interdisait à interdire à un enseignant l’accès à sa salle alors même qu'il a été recruté. Toutes les tentatives de discuter ces choix se sont soldées par des fins de non recevoir.

En ce qui concerne la répartition des charges administratives pour les enseignants, celles-ci ne sont jamais décidées collégialement et en réunion plénière. En psychologie, un enseignant rattaché à l’UFR de psychologie a été nommé responsable de diplôme sans concertation avec les autres enseignants.

Le contrôle des enseignants et des personnels administratifs se prolonge jusque dans les activités quotidiennes et pèsent d’autant plus fortement que les personnels sont vacataires. En outre, de nombreux personnels statutaires et vacataires subissent des tracasseries sans fin pour se faire payer leurs vacations ou leurs heures complémentaires. Ceux qui osent réclamer sont l’objet de tentatives d’intimidation. Sans compter les grandes difficultés rencontrées pour le recrutement des chargés de cours

On aurait pu espérer que le conseil de l’IED joue son rôle de contrepoids, mais même cette instance est empêchée dans son fonctionnement : transmission tardive des documents, traitement dans l’urgence en fin de séance des points qui nécessitent un débat ; un mépris total des demandes formulées par les élus à plusieurs reprises et reportées sans fin. Malgré les demandes répétées des élus, les ordres du jour et les comptes-rendus ne sont toujours pas diffusés à l’ensemble des personnels de l’IED.

Ces dysfonctionnements ne concernent pas seulement l’activité des enseignants. Depuis deux ans, les conditions de travail des personnels administratifs se sont particulièrement dégradées. Le service d’accueil désorganisé, mal informé des indications données aux étudiants et insuffisant, ne peut traiter convenablement les demandes administratives des étudiants. Ceux-ci sont promenés d’un numéro de téléphone à un autre, d’une boîte mail à une autre sans toujours réussir à trouver la réponse à leur question. En outre, il est demandé aux étudiants de Licence de psychologie de s’inscrire à l’IED alors que toutes les notes n’ont pas été saisies et que les jurys de Licence n’ont pas été tenus. Cette situation impacte même le bon fonctionnement des autres composantes. Ainsi les gestionnaires de l’UFR de psychologie sont de plus en plus souvent sollicités par les étudiants de l’IED ne parvenant pas à trouver le bon interlocuteur.

Il en résulte une situation insupportable pour tout le monde, pour les étudiants qui n’arrivent pas à soumettre leur problème au bon interlocuteur, pour le personnel administratif qui ne peut accomplir sereinement ses missions et les enseignants qui se trouvent harcelés de questions administratives alors qu’ils voudraient se consacrer aux questions pédagogiques.
Le manque de cohérence des délais administratifs imposés que ce soit pour la déclaration des heures supplémentaires, des états de services, des recrutements, ou pour le délai de réinscription des étudiants raccourci unilatéralement à une semaine après la publication des résultats rend la situation tout simplement intenable.

Cette situation ne peut plus durer. Nous sommes actuellement dans un état d’épuisement et de démotivation qui ne saurait être acceptable dans un contexte professionnel. Devant l’absence d’écoute quant aux problèmes que nous avons soulevés à plusieurs reprises, nous ne voyons pas d’autre solution que de nous engager dans une grève administrative. Nous ne saisirons pas les notes de deuxième session dans le logiciel Apogée, nous démissionnerons de nos responsabilités liées à la gestion de nos diplômes et/ou refuserons d’en prendre la responsabilité jusqu’à ce que nos revendications soient satisfaites.

Nous demandons aux membres du conseil de l’IED ainsi qu’à la direction de l’université de prendre toute la mesure de la situation actuelle. La direction de l'IED doit d'urgence opérer les changements nécessaires, ce qui passe manifestement par la démission de son directeur, Gilles Bernard.

Des mesures d'urgences doivent pouvoir être prises afin de stabiliser la situation des contractuels, reconnaître la place des équipes pédagogiques et leur rôle notamment dans la nomination de leurs responsables d’enseignements ou de diplômes, retrouver les capacités d’offrir un service d’accueil performant, rétablir une gestion transparente de l’IED qui traite chacun à égalité. Nous demandons à être reçus d’urgence par la direction de l’université avant que notre décision de grève administrative ne devienne effective, ce qui sera le cas, en l’état, à compter de la première semaine d’octobre.

Signataires : Jean-Marc Meunier, Françoise Morange-Majoux, Corinna Koehler, Elisabetta Zibetti, Lionel Dagot, Laurence Conty, Laurence Masse, Sophie Jeussaume