Cher(e)s collègu(e)s Cher(e)s collègu(e)s

Permettez-moi de vous tenir informé des incidents, qui ont perduré trois semaines, notamment dans le bâtiment A de notre Université, et qui m’ont
conduis à demander l’évacuation des locaux occupés par le recours à la force publique. Celle-ci a eu lieu ce matin.

Commencée le 15 mars 2005, l’occupation des amphithéâtres A1 et A3 s’est étendue à l’occupation de la salle A 010, puis progressivement à une autre salle de cours.

Cette occupation a pris comme motif le refus des autorités ministérielles et universitaires d’entériner la demande de renouvellement de l’équipe de recherche du département d’anthropologie, justifié par les évaluations du ministère dans la perspective des homologations LMD, mais aussi, certainement, au regard des conflits incessants de ces dernières années ayant eu de lourdes conséquences sur le fonctionnement de ce département.

Ces occupations ont donné lieu à des dégradations de toute nature du domaine universitaire, sans compter les innombrables violences verbales envers des fonctionnaires et agents de l’Université, les atteintes à la sécurité des personnes et des biens, les perturbations du déroulement des activités d’enseignement et l’introduction, revendiquée, de personnes étrangères à l’Université se livrant à divers trafics et déprédations.

J’observe d’ailleurs que parmi les « occupants » se trouvait une proportion non négligeable d’individus sans aucun lien avec l’Université, connus des Services de police, et s’étant livrés à des agressions multiples.

Au grand regret de tous ceux qui ont participé à de très nombreuses médiations ( et ce n’est pas faute d’avoir proposé toute forme de soutien à la « cause de l’anthropologie » !), le retour à la normale n’a pu se réaliser par le dialogue, les propositions et la persuasion. Il nous est d’ailleurs difficile, face à un auditoire peu enclin à entendre des arguments d’intérêt collectif, de considérer cette tension comme relevant exclusivement de préoccupations d’ordre pédagogique ou académique.

Il faut enfin préciser que ces incidents ne sont pas totalement étrangers aux événements survenus à l’Université Paris 8 au cours des années universitaires 1998-1999 (importantes situations conflictuelles au département d’anthropologie) et 2000 (mouvements durs d’étudiants « sans papiers »), dont les effets se prolongent encore aujourd’hui au département d’anthropologie.

Respectueux du principe d’autonomie de l’Université mais soucieux également de voir cesser des déprédations inacceptables et qui empiraient, j’ai donc du me résoudre à faire procéder à l’évacuation des locaux occupés.

C’est vraiment la forme d’action la plus regrettable pour un universitaire, mais le déficit de dialogue de l’autre partie ne laissait aucune autre issue.

Je voudrais remercier toutes celles et tous ceux qui dans cette affaire pénible m’ont apporté leur soutien, leurs encouragements et leur amitié. J’espère faire comprendre à quel point il est parfois des décisions difficiles à prendre, mais il y va de la garantie à donner à tous ceux dont l’objectif est d’enseigner, d’étudier et de faire fonctionner la machine universitaire.

Amitiés à tous,

Pierre Lunel